La semaine dernière, j’ai vu une image en ligne qui résume parfaitement l’état actuel de l’intelligence artificielle.
On y voyait ChatGPT dire à un utilisateur : « Oui, ce champignon est tout à fait comestible », puis, quand l’utilisateur finit à l’hôpital : « Ah, vous avez raison, il ne l’est pas. Voulez-vous en apprendre davantage sur les champignons vénéneux ? »
C’est drôle, oui — mais surtout révélateur.
C’est un rappel qu’une IA peut produire une réponse, mais qu’elle ne peut pas juger si cette réponse est la bonne. Et cette nuance n’a jamais été aussi importante.
Au cours de la dernière année, plusieurs entreprises ont remplacé des centaines d’employés par l’IA.
Mais aujourd’hui, on observe le mouvement inverse : les organisations ramènent des humains pour faire ce que l’IA n’a pas su bien faire.
Pourquoi ? Parce que l’IA commet des erreurs difficiles à détecter, à moins de déjà connaître la bonne réponse.
Et ça ne changera pas de sitôt. Les grands modèles de langage ne comprennent pas le monde : ils prédisent simplement le mot le plus probable à suivre.
C’est ce qui les rend rapides et polyvalents, mais aussi imprévisibles sans supervision humaine.
Bien utilisée, l’IA peut rédiger des rapports, résumer des données ou générer des idées en quelques minutes.
Mais il faut encore des personnes pour vérifier, interpréter et prendre la décision finale.
C’est une excellente nouvelle pour les travailleurs expérimentés.
Chaque fois que je commence à collaborer avec une nouvelle entreprise, les employés s’inquiètent de perdre leur emploi à cause de l’IA.
Mais dans les faits, c’est l’inverse qui se produit : ceux qui apprennent à s’en servir deviennent plus précieux.
Ils cessent de perdre du temps sur les tâches répétitives et se concentrent sur les cas d’exception — les situations complexes où l’expérience et le jugement comptent vraiment.
Un employé capable d’utiliser l’IA pour accomplir 80 % de son travail plus vite, puis d’appliquer son jugement sur les 20 % restants, devient tout simplement irremplaçable.
L’enjeu, ce n’est pas d’apprendre à coder. C’est de savoir communiquer et penser de façon critique.
Les outils d’IA sont basés sur le langage, pas sur le code.
Si vous pouvez expliquer clairement ce que vous voulez — en français, en anglais ou en espagnol — vous pouvez les utiliser.
Cela signifie que vos experts métier, vos gestionnaires et vos équipes de première ligne ont déjà les compétences nécessaires.
Ils ont simplement besoin de confiance et d’un cadre pour s’exercer.
Voici comment bâtir cette capacité :
Commencez petit, mais commencez vite.
Choisissez une tâche simple — un courriel, un rapport, un résumé — et introduisez l’IA là où le gain est immédiat.
Rendez l’expérimentation sécuritaire.
Laissez les gens essayer, se tromper, rire et apprendre. L’objectif n’est pas la perfection : c’est la familiarité.
Alliez IA et révision humaine.
Ne vous contentez pas d’utiliser l’IA : évaluez-la. Qu’est-ce qui a fonctionné ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Pourquoi ?
Formez d’abord les curieux.
Repérez les personnes naturellement curieuses. Formez-les en premier, puis laissez-les accompagner leurs collègues.
Gardez-le concret.
Reliez la formation aux besoins réels : logistique, rapports, service client, etc.
On entend souvent que l’IA avantagera les jeunes travailleurs à l’aise avec la technologie.
En réalité, elle amplifie la valeur du jugement — celui qui vient avec les années d’expérience.
L’IA peut rendre n’importe qui plus rapide. Mais seules les personnes peuvent décider de ce qui est juste.
L’avantage concurrentiel ne viendra pas des entreprises ayant le plus d’outils, mais de celles ayant les humains les plus compétents pour les utiliser avec discernement.
Parce que l’avenir n’est pas un monde où l’IA remplace les gens.
C’est un monde où les gens qui savent s’en servir remplacent ceux qui ne savent pas.
L’IA deviendra encore plus rapide, encore moins coûteuse.
Les réponses, elles, deviendront faciles à obtenir.
Mais le jugement — la capacité de distinguer le bon du mauvais — restera rare et précieux.
Si vous dirigez une équipe, n’attendez pas le plan parfait. Commencez petit. Commencez cette semaine. Mais commencez.
Parce qu’à cette nouvelle ère, la question n’est plus si l’IA changera votre travail, mais à quelle vitesse vous et votre équipe saurez l’adopter à votre avantage.
À l’ère de l’IA, les réponses sont bon marché. Le jugement, lui, ne l’est pas.